Article Financement des infrastructures

Repenser les sources de financement des projets d’infrastructures publiques

Zoom sur l’industrie Washington D.C.,
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Macky Tall, premier vice-président, Infrastructures, et président et chef de la direction, CDPQ Infra, siège au comité consultatif du Global Infrastructure Facility de la Banque mondiale. Le 5 octobre 2016, Macky était l’un des cinq panélistes invités au siège social de la Banque mondiale, à Washington, pour discuter des moyens à prendre pour combler le déficit en matière d’infrastructures en misant sur la collaboration entre les gouvernements et les investisseurs. 

Que ce soit dans les économies développées ou en développement, il y a consensus : il est temps d’investir massivement dans les infrastructures publiques. Or, pour ce faire, il faut déterminer comment financer de nouveaux projets. 

L’augmentation de la dette publique pousse à la recherche de nouvelles solutions de financement et le rôle potentiel que pourraient jouer les grands investisseurs, notamment les investisseurs institutionnels, fait de plus en plus partie de la réflexion.

Le 5 octobre 2016, la Global Infrastructure Facility, mise sur pied par la Banque mondiale, a invité des experts au siège social de l’institution, à Washington, pour discuter des différents moyens à mettre en place pour rendre les projets attrayants pour les investisseurs et développer des cadres novateurs permettant de combler le déficit en matière d’infrastructures en tirant parti des investissements privés.

Parmi les participants à l’événement figuraient Kemi Adeosun, ministre des Finances du Nigeria, Joaquim Levy, directeur général et directeur financier, Groupe de la Banque mondiale, Nasser Malik, directeur général et chef des créances structurées mondiales, Citigroup, Bill Morneau, ministre des Finances du Canada, et Macky Tall, premier vice-président, Infrastructures à la Caisse et président et chef de la direction, CDPQ Infra.

« Les infrastructures ont un profil rendement-risque attrayant : ce sont des investissements stratégiques et de long terme qui génèrent du rendement et qui sont généralement liés à l’inflation, étant donné qu’il s’agit d’actifs réels », a rappelé Macky.

À titre de dirigeant de CDPQ Infra, Macky participe à la mise sur pied d’un nouveau modèle de collaboration avec les gouvernements. La filiale de la Caisse entreprend en effet de nouveaux projets d’infrastructures, dont le premier est la planification, la construction et l’exploitation du REM, un nouveau système de transport léger sur rail proposé pour la région de Montréal. Le modèle décrit les structures de financement et les exigences en matière de gouvernance afin que le partenariat entre les gouvernements et les investisseurs permette la réalisation des projets.

Les infrastructures ont un profil rendement-risque attrayant : ce sont des investissements stratégiques et de long terme qui génèrent du rendement et qui sont généralement liés à l’inflation, étant donné qu’il s’agit d’actifs réels. 

« La gouvernance globale doit être claire, solide et transparente. Le cadre réglementaire et juridique doit quant à lui être facilement accessible et compréhensible, de manière à ce que les projets soient prévisibles à long terme », a-t-il fait valoir.

Macky a donné des exemples d’investissements que la Caisse a décidé de réaliser après que des améliorations ont été apportées au cadre réglementaire d’un pays. 

« Nous avons fait des investissements en infrastructures en Inde et au Mexique, pays où les gouvernements ont entrepris des réformes majeures pour faciliter et accélérer la réalisation de projets d’infrastructures. »

Selon les estimations de la Banque mondiale, la valeur des projets d’infrastructures en attente de financement s’élève à plusieurs billions de dollars. Malgré l’appétit des investisseurs, ceux-ci ont généralement de la difficulté à évaluer ces projets et à les comparer de façon éclairée. La Banque mondiale veut remédier à la situation.

« [Investir dans les infrastructures] peut transformer les conditions de vie des gens », a déclaré Joaquim Levy de la Banque mondiale. « C’est un moteur de croissance plus efficace que le simple fait de donner de l’argent. »

Bill Morneau, ministre des Finances du Canada, a pour sa part indiqué que son gouvernement consultait les investisseurs pour trouver des moyens de financer de nouveaux projets et le renouvellement d’infrastructures vieillissantes au Canada.

« Les investisseurs veulent que les contreparties avec lesquelles ils traitent de notre côté aient une expertise éprouvée, qu’ils comprennent bien la situation. Bon nombre d’entre eux cherchent aussi à réaliser des investissements conjoints avec des gouvernements », a affirmé M. Morneau. « Nous prenons acte de la demande des investisseurs, qui réclament une réserve de projets pour entrevoir l’horizon d’investissement. »

La question des perspectives de projets à réaliser dans un marché est cruciale pour Macky :

« C’est un aspect important : quand on commence à s’intéresser à un marché, on doit mobiliser des ressources pour mieux comprendre les particularités d’un projet. Les perspectives de projets à réaliser, qui doivent être concrètes, constituent une mesure incitative de plus pour favoriser les investissements dans un pays. »

Stephanie Ruhle, chef d’antenne à MSNBC et animatrice de la rencontre, a demandé aux panélistes s’ils craignaient que l’attrait de certains projets crée une bulle d’investissements. Selon Nasser Malik, de Citigroup, ce risque demeure plutôt faible.

« La leçon à tirer de la crise financière mondiale est la suivante : n’investissez jamais dans quelque chose que vous ne comprenez pas », a souligné M. Malik. « Pour investir dans les infrastructures, vous n’avez pas seulement besoin d’une ou deux personnes : vous avez besoin d’une équipe. »

C’est sur cette leçon que s’appuie la démarche de la Caisse. L’équipe de CDPQ Infra a l’expertise pour assurer la planification, la construction et l’exploitation de grands projets d’infrastructures. Par ailleurs, la Caisse investit en infrastructures à travers le monde depuis plus de 15 ans, et a bâti au fil des ans des partenariats clés dans divers marchés et secteurs. Elle peut ainsi s’appuyer sur une connaissance pointue des infrastructures pour le développement de nouveaux projets ou pour investir dans des actifs déjà en opération. 

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