Communiqué Relève

Le Québec fera face à un important manque d’entrepreneurs pour prendre la relève d’entreprises existantes

Entrepreneuriat, Québec Montréal,
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La Fondation de l’entrepreneurship et la Caisse de dépôt et placement du Québec dévoilent les résultats d’un important sondage sur la relève entrepreneuriale au Québec

 

Survol :  

  • Déficit de releveurs croissant atteignant pour la prochaine décennie 38 000 releveurs manquants;
  • Manque de planification des cédants au niveau du transfert de leur direction et de leur propriété, et méconnaissance de la valeur marchande de leur entreprise;
  • Pleine confiance des cédants envers les capacités de leurs releveurs et, à l’inverse, de jeunes releveurs doutant de leurs compétences actuelles afin de prendre la relève d’une entreprise.

Le Québec se dirige vers un important déficit de relève entrepreneuriale. Voilà ce que révèle un sondage de la Fondation de l’entrepreneurship, en collaboration avec la Caisse de dépôt et placement du Québec, rendu public aujourd’hui. Intitulé La relève est‐elle au rendez‐vous au Québec? et réalisé avec la collaboration de Léger Marketing, le sondage est l’un des premiers à examiner de façon aussi exhaustive et qualitative ces deux côtés d’une même médaille que sont les releveurs et les cédants.

Afin de bien comprendre la dynamique de la relève, le rapport vient entre autre quantifier la situation de la relève entrepreneuriale en réalisant l’équation entre les entrepreneurs actuels (cédants potentiels) et en devenir (releveurs potentiels)1 et ce, à différents stades de développement. Les entrepreneurs en devenir qui préfèrent créer une entreprise de toute pièce plutôt que d’en relever une ont été retranchés du calcul. La même opération a été faite pour les cédants potentiels disant d’emblée vouloir fermer leur entreprise au moment de leur retraite.

Le tableau suivant présente le manque de releveurs potentiels pour reprendre les entreprises qui seront mises en vente par les cédants. Déjà problématique sur un horizon temporel de 5 ans, il le sera bien davantage au terme de la prochaine décennie.

Déficit* de 149 000 releveurs réparti selon l’horizon temporel
2010 à 2014 Déficit de releveurs
2015 à 2020 16 000
2020 et plus 22 000
*217 000 cédants de 35 ans et plus – 68 000 releveurs de 18 à 54 ans = (149 000) releveurs (déficit)

« Un des grands constats de ce sondage est que le Québec doit intensifier ses efforts s’il ne veut pas voir le déficit de releveurs s’accroître de manière inquiétante durant la prochaine décennie, » a déclaré Mario Girard, PDG de la Fondation de l’entrepreneurship. « La désirabilité de reprendre une entreprise est d’abord tributaire de celle de devenir entrepreneur; et nous savons qu’à ce sujet, bien du chemin reste à faire au Québec. Outre les initiatives existantes pour accompagner et jumeler les releveurs et cédants, l’éducation a un rôle prépondérant à jouer dans cette désirabilité. Les universités2, tout particulièrement, ont le pouvoir d’être le chaînon manquant entre leurs finissants possédant les compétences requises et ces entreprises ayant la maturité nécessaire pour évoluer avec de nouveaux chefs. »

Manque de planification chez les cédants potentiels

Transfert de direction, transfert de propriété, plan de relève : autant de concepts encore nébuleux pour bien des cédants potentiels. Il s’agit en effet d’environ un entrepreneur de 55 ans et plus sur deux qui indique ne pas disposer actuellement d’une planification concernant le transfert de direction (à peine 8,2 % ont un plan formel) et le même constat s’applique pour le transfert de propriété (seulement 11,6 % ont un plan formel).

Un autre élément qui vient étayer ce constat : plusieurs cédants de 55 ans et plus affirment également ne pas connaître la valeur marchande de leur entreprise (environ 40 % d’entre eux). Selon la Fondation, il apparait nécessaire pour l’ensemble des intervenants québécois œuvrant dans le domaine de l’entrepreneuriat de mobiliser les cédants face à cette réalité.

Les compétences sont au rendez‐vous

Le sondage révèle que 96,1 % des propriétaires d’entreprise de 55 ans et plus ayant identifié un releveur le jugent compétent et capable de prendre les rênes actuellement. Constat presque identique pour les cédants de 35 à 54 ans qui, eux, se situent à 85,5 %. Questionnés sur la perception qu’ils ont de leurs compétences, les jeunes releveurs (18 à 34 ans), quant à eux, se sentent moins optimistes, affirmant à 48,4 % avoir les compétences nécessaires, comparativement à 76,4 % chez les releveurs de 35 à 54 ans. Soulignons cependant que plus de 50 % des jeunes de 18 à 34 ans prévoient une prise de possession dans plus de 5 ans, un laps de temps suffisant pour prendre de l’expérience et combler leurs lacunes en matière de compétence.

Des solutions existent

À peine 50 % des cédants potentiels âgés de 55 ans et plus ont pu identifier un successeur ou un acheteur potentiel. À l’inverse, un peu plus de 50 % des releveurs potentiels âgés de 18 à 54 ans n’ont toujours pas identifié une entreprise à reprendre. La communication entre les groupes de cédants et releveurs apparait comme un besoin criant auquel la Fondation estime que le Québec commence heureusement à répondre (notamment avec des initiatives telles que les Centres de transfert d’entreprise). S’afficher ouvertement en processus de relève n’est pas évident pour tous les entrepreneurs, cependant. Le cédant peut ainsi potentiellement déstabiliser ses clients, partenaires et employés. Les mécanismes d’échanges d’information restent donc à être raffinés.

Arrimées à une volonté palpable sur le terrain de renverser la vapeur, ces solutions sont autant d’armes que devra s’approprier la relève entrepreneuriale afin qu’elle ne rate pas son rendez‐vous de la prochaine décennie…

1 Le rapport exclut les travailleurs autonomes, les cédants qui ont décidé de fermer leur entreprise au moment de leur retraite (retirant ainsi du bassin des cédants les entreprises éventuellement vouées à fermer et donc non disponibles pour la relève) et les releveurs potentiels préférant créer une entreprise de toutes pièces que de reprendre une entreprise existante. La définition de travailleur autonome utilisée dans le cadre de cette étude est la suivante : une personne seule qui travaille à son propre compte pour un seul client. Ne considérant pas le nombre d’employés dans notre définition de travailleur autonome et considérant comme releveurs potentiels des personnes ayant l’intention d’entreprendre ou ayant réalisé des démarches en ce sens au cours de la dernière année, il est logique que les résultats soient légèrement différents d’autres études quantifiant le manque de releveurs au Québec par des projections du nombre d’entrepreneurs actuels dans l’avenir (ex. : MDEIE, Le renouvellement de l’entrepreneuriat au Québec : un regard sur 2013 et 2018, 2010, 26 p.). Par contre, les mêmes grandes tendances peuvent être observées dans les deux études.

2 Des initiatives intéressantes existent par ailleurs, tel le site « Du rêve à la relève » de HEC Montréal. L’accompagnement des cédants par d’autres entrepreneurs ayant vécu un processus de relève peut aussi s’avérer porteur. En effet, un processus de relève peut s’étendre sur plusieurs années; ainsi, la capacité de distiller cette expérience vécue et de la rendre accessible aux cédants (notamment par le biais du mentorat pour entrepreneurs) peut jouer un rôle fondamental dans le processus.

À propos du rapport La relève est‐elle au rendez‐vous au Québec?

Le sondage a été réalisé par téléphone et Internet auprès du panel de répondants de Léger Marketing, composé de résidents et résidentes du Québec âgé(e)s de 18 ans ou plus et pouvant s’exprimer en français ou en anglais. La collecte des données s’est déroulée du 2 mars au 25 mars 2010. La durée moyenne du questionnaire était d’environ 16 minutes. Pour établir les incidences aux différentes catégories entrepreneuriales au début du sondage, nous avons initialement sondé 6 691 personnes (étant ou non impliquées dans le processus entrepreneurial). Pour un échantillon probabiliste de la même taille, la marge d’erreur maximale aurait été de ± 1,20 %, 19 fois sur 20. Le sondage complet a permis de joindre 1 080 répondants impliqués, pour le moins, dans l’une des étapes du processus entrepreneurial, excluant les travailleurs autonomes. Pour un échantillon probabiliste de 1 080 répondants, la marge d’erreur maximale aurait été de ± 2,98 %, 19 fois sur 20.

Le rapport complet est disponible à l’adresse suivante : www.entrepreneurship.qc.ca

À propos de la Fondation de l’entrepreneurship

La Fondation de l’entrepreneurship existe depuis 30 ans et est un acteur de premier plan d’un mouvement de transformation du développement économique et social au Québec, utilisant l’entrepreneuriat comme moyen privilégié. La Fondation offre des produits et services incontournables pour les entrepreneurs tels que le Réseau M – mentorat pour entrepreneurs, le programme de Communautés entrepreneuriales et la plus vaste collection de livres de langue française dédiée au démarrage à la gestion et à la croissance des entreprises. La Fondation détient aussi un Centre de vigie et de recherche sur la culture entrepreneuriale, produisant recherches, analyses et bulletins d’information sur l’entrepreneuriat. Pour de plus amples renseignements : www.entrepreneurship.qc.ca.

Pour plus d’information

  • Rina Marchand
    Directrice, marketing et communication
    Fondation de l’entrepreneurship
    (514) 873‐3262, poste 226
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